1959 – Beyrouth, Liban
Peintre franco-libanaise.
Vit et travaille à Paris.
Née dans une famille beyrouthine et confrontée dès son adolescence à un quotidien marqué par la guerre civile, Fadia Haddad est envoyée à Paris en 1979 pour finir son lycée et une fois son Bac en poche rentre à Beyrouth. C’est plus tard au milieu des années 1980 que commence réellement son histoire avec Paris, puisqu’elle intègre l’École Nationale des Beaux-Arts (ENSBA) et se fait remarquer par des critiques tel que Jean-Luc Chalumeau qui écrit un article sur l’émergence de cette peintre qui «atteint la beauté sans la rechercher» paru dans Opus international en 1988. Entre la fin des années 1980 et le milieu des années 1990 F. Haddad exposera au Salon de la jeune peinture, au Salon des réalités nouvelles, au salon de Montrouge, à l’Espace Culturel Paul Ricard. Dans une époque où les discours sur la peinture oscillent entre alertes de crises et raisons pratiques, on voit en effet les influences qui se dégagent de manière subtile du travail de F. Haddad dans ces années d’introduction à la scène internationale : d’un côté le modernisme espagnol, de Pablo Picasso (1881-1973), Joan Miró (1893-1983) ou Antoni Tápies (1923-1912), dont les liens avec une histoire plus large des arts méditerranéens prennent soudain un sens nouveau, via l’expérience d’une artiste libanaise repérée à Paris qui reste toujours liée à son pays d’origine où elle voyage et expose. D’un autre côté on peut aussi observer un dialogue à juste distance avec l’expressionnisme américain, qu’il soit pop, avec Jean-Michel Basquiat (1960-1988) ou abstrait, avec Robert Motherwell (1915-1991). Mais l’art de F. Haddad se rattache dès les années 1990 et le grand cycle des «Oiseaux» à bien d’autres problématiques qui se cristallisent autour de l’architecture et la poétique de l’espace mais aussi de la rencontre épiphanique entre geste chorégraphique et geste pictural. Ainsi, sa peinture née d’une véritable danse autour de la toile placée au sol démontre des prouesses physiques à l’origine de ses compositions à la fois spontanées et construites.
L’autre grand cycle des «Masques» dont nous entretient F. Haddad avec obstination depuis les années 2000, que ce soit sur toile ou sur papier, n’est ni un objet de culte ni un principe de composition. On parlera plutôt d’un principe dynamique, une boussole que la peintre s’exerce à dompter, dans une expérience qui tient autant de l’ascèse que de l’extase. Elle recherche le subtil jeu d’équilibrisme visuel et psychologique entre les masses de peinture, quasiment jetées à la face du spectateur, et le masque géométrique dessiné au crayon qui lui déstabilise le regard, à la limite de la transparence. Il y a dans les œuvres de F. Haddad une recherche de l’état-limite, proche de l’envoûtement ou de l’œil méduséen qui nous happe dans une danse en apparences immobile.
F. Haddad expose dès les années 1990 dans des galeries parisiennes de renom telles que Nicole Ferry ou encore plus récemment à la galerie Michel Rein, dans des galeries libanaises, notamment Saleh Barakat ainsi qu’en parallèle à la galerie londonienne Ab-Anbar Art Gallery.
Ses œuvres sont également entrées dans de nombreuses collections privées et publiques de par le monde, dont la Barjeel Art Fondation, le Patrimoine de l’Humanité, Mémoire artistique du 20e siècle, L’institut du Monde Arabe - Paris, le Musée Sursock - Beyrouth, le CNAP - Paris, la Collection Alberto Pinto - Paris, Sharjah Art Foundation - EAU.
Morad Montazami, 2021
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